Face au crack, faut-il tolérer les zones de deal?

Sans trop d'équivoque, la réponse est oui (d'ailleurs on a pas le choix)
JCZD Revue de presse

En première page du premier Matin Dimanche du mois de septembre 2022, on pouvait lire Face au crack, faut-il tolérer les zones de deal? tandis qu’une presque pleine page 2 racontait le point de vue de certains élus conservateurs face à une proposition certes un peu mal pensée mais dont les auteurs ont le mérite d’admettre que tout ce que l’on a fait de traditionnel jusqu’ici n’a fait qu’aggraver la situation et se demandent où on pourrait bien caser tous ces parasites d’une société malade loin du cœur et loin des yeux, loin des enfants surtout.

Le moindre effort

La théorie du moindre effort est un loi fondamentale de la Nature ; à peu près tous les êtres vivants - auxquels on peu attribuer ou non une conscience - ont tendance à s’y soumettre : le moins on fait, le mieux on se porte (surtout quand c’est les autres qui bossent à notre place). Une simple appréciation de cette loi nous apporte une solution toute trouvée au problème, et je vais de ce pas la détailler.

La situation actuelle

On a d’une part des enfants à qui on inculque dès le plus jeune âge et parfois à coups d’entraves (voir l’article Une éducatrice a ligoté des garçons de 2 ans dans la même édition) qu’ils travaillent dur et sans aucune garantie de retour (quelqu’un a dit AVS?) pour une société bourrée de défauts et qui préfère cacher la merde aux chats plutôt que de l’assumer. D’autre part, on a une population qui était enfant il y a peu et passe tellement de temps à remplir les bouches et les poches d’une minorité qui n’a souvent jamais vraiment travaillé et ne sait globalement rien faire d’autre que de palabrer sur des thèmes au sujet desquels ils n’ont - il faut bien l’admettre - aucune expérience et aucun vécu. Car il s’agit bien de ça, de la drogue, des seringues et des clochards qui gâchent le paysage et font peur à ceux qui n’ont pas encore compris que ces individus sont très généralement ceux qui - en plus d’avoir été dans des situations économiquement précaires - n’ont pas eu de bol avec leurs parents. Ces toxicomanes ne sont donc - et on s’en rend bien vite compte lorsque l’on ose les approcher - rien de plus ou de moins que des citoyens normaux pour qui la cruche a débordé et qui en ont eu plein le cul au point de dire “allez tous vous faire foutre et laissez-moi crever traquillement” tout en cherchant à obtenir - en faisant le moindre effort possible - un minimum de satisfaction et de réconfort dans ce monde physique, quitte à utiliser des substances dont les effets sur le corps et l’esprit ne sont pas franchement bénéfiques (c’est d’ailleurs exactement le but recherché et vous pouvez croire celui qui a consommé de l’héroïne - sans le résultat escompté - avant ses 30 ans parce qu’il en avait plein le dos, au propre et au figuré, d’avoir été mis au rebut quelques années auparavant suite à une erreur médicale).

Maintenant qu’on a un peu mieux compris les causes, on peut observer la situation avec un peu plus de recul et constater les faits qui nous préoccupent et que certains veulent changer:

Le moindre effort (bis)

Plutôt que de jouer au chat et à la souris avec des déchets de la société qui de toute façon n’en ont plus grand chose à foutre de rien, on pourrait les aider et les euthanasier : ce serait bien plus simple surtout que dans la cité de Calvin l’euthanasie on sait y faire (l’édition du jour regorge de références, c’est super) sauf que c’est pas politiquement correct (car trop d’efforts à faire pour la justifier sans admettre où on a merdé). Il ne reste plus grand chose, d’autant que de discuter durant des jours et des semaines pour décider quel quartier sera la nouvelle poubelle sociale ça prend du temps et ça coûte cher au contribuable (sauf à ceux qui discutent) : l’éducation. Et pour éduquer, rien de tel qu’un exemple en bonne et due forme : ces drogués qui nous dérangent tant (et qui se drogueront tant bien que mal et au meilleur rapport destruction-prix possible où qu’on les rejette) sont justement l’illustration dont on a besoin - et dont on cherche à se débarrasser, cherchez l’erreur - pour montrer aux enfants ce qui se passe quand on est distrait pendant les cours.

Comme nos très chers chérubins - que l’on ne veux pas non plus euthanasier parce qu’il faut bien quelqu’un pour torcher le cul aux impotents - sont sensés rentrer chez eux après les cours, que les cour d’écoles sont généralement mises à ban durant la nuit, laissons les drogués et les dealers utiliser ces espaces pour leur petit commerce : il y a assez de place pour installer des stands de prévention et de soutien qu’on pourra même utiliser la journée lorsqu’il s’agit de soigner le mal à la racine lorsque les mômes en rupture chercheront un échappatoire à leur misère. Ce qui est super là-dedans, c’est que les préaux sont souvent déjà équipés de caméras de surveillance, et pour les drogués (et les dealers) à qui il reste encore quelques neurones on peut même envisager d’utiliser les infrastructures scolaires pour leur donner un semblant de chance de se réintégrer ou au moins de se changer les idées en faisant des bricolages1. Enfin, en ce qui concerne les seringues et autres déchets qui jonchent le sol après (c’est presque dommage que le crack en produise si peu - on ne parle pas des drogués eux-mêmes car c’est la société qui les génère), c’est une excellente opportunité d’occuper les patrouilleurs scolaires - qui, avouons-le, fabriquent des enfants incapables de traverser seuls la route - et autres cancres ou petits tyrans à qui il serait bienvenu de montrer un peu plus les effets indirects de leurs actions.

Les bénéfices

Bien que l’exposé ci-dessus puisse paraître un peu choquant, il faut être pragmatique et accepter ce qui fait mal à entendre si l’on veut arriver à quelque chose. On peut par ailleurs tirer certaines conclusions sur les bénéfices de la méthode exposée ci-dessus:

Voilà, l’exposé est terminé. Et à ceux à qui cela n’a pas plu, je réponds volontiers “donnez-moi du crack, ça m’évitera de réfléchir et d’ouvrir ma gueule”.


  1. les classes de travaux manuels, souvent fort appréciées par les enfants mais trop peu présentes dans le programme scolaire car trop chères, devraient à mon avis être repensées : plutôt que de fournir aux élèves des matériaux neufs et donc coûteux, apprenons-leur à récupérer des machins pétés, des bouts de ferraille et autres déchets pour les transformer et les réparer. Il y en a en suffisance, c’est pas cher et c’est vachement mieux pour développer la créativité. Et comme c’est bien de donner un exemple (aux enfants et aux toxicomanes comme aux dealers de rue et aux politiques) on peut même envisager d’engager des artistes (des vrais, pas des fils à papa qui font mumuse avec des pinceaux, des peintures et des toiles achetés dans des boutiques pour bobo) car ceux-ci sont non seulement souvent experts en récupération, mais en plus ils aiment transmettre leurs connaissances et ne refuseraient pas un complément pour soulager leur budget. ↩︎

  2. on pourrait même en conclure qu’il est là où on en a besoin, et qu’en conséquence ce n’est pas vraiment un problème ↩︎