Contexte socio-économique

Un bref aperçu de la situation du président et de ce qui y a mené
JCZD Eau Électricité

Je ne rédige pas cet article “pour le plaisir” et je préférerais oublier certains épisodes de l’histoire : seulement, faisant l’objet d’attaques incessantes de la part de celui qui devait m’accompagner et me préparer à la vie, lassé de répéter encore et encore la même chose, j’ai jugé qu’il était préférable de mettre ces informations par écrit. Que ceux qui cherchent une lecture sur un sujet agréable passent leur chemin.

Le récit qui va suivre n’est pas exhaustif : de nombreux éléments ont été volontairement omis dans le but de fournir au lecteur une vision d’ensemble avant de se plonger - ou non - plus profondément dans le dossier.

Notes du préambule

Prélude

Peu avant la fin du XXè siècle, j’avais déjà pris l’initiative de limiter mon empreinte sur Terre : décidé à ne pas crouler sous des tonnes d’objets, à ne pas détruire des hectares d’écosystèmes pour une (ou plusieurs) maisons, j’ai décidé de suivre la voie du nomadisme. Je cherchais ainsi à me déplacer “peu mais bien” et éviter de devoir déménager à chaque nouvelle opportunité professionnelle : en me limitant aux séjours supérieurs à trois mois, j’ai compté pas moins de 37 déménagements au cours de mes 20 premières années de vie.

C’est ainsi que j’ai entrepris d’aménager un véhicule lourd, lequel deviendrait à la fois ma maison, mon atelier et une vitrine de mon savoir-faire. Il m’était indispensable d’avoir un véhicule assez grand et doté d’une capacité suffisante pour accueillir un outillage certes réduit mais toutefois conséquent, et récupérer l’eau de pluie grâce au toit. J’ai également fait l’acquisition d’un tracteur de semi-remorque, un antique Saurer de 1957, et j’ai alors pu me rendre compte d’un problème qui devait se révéler trivial à résoudre : le camion était trop court d’environ 50 centimètres et ne permettait donc pas d’y atteler la remorque.

Alors que je prenais le temps nécessaire pour examiner mes options afin d’éviter tout problème - je suivais à l’époque une formation en design automobile à l’école Espera-Sbarro (Sochaux-Montbéliard), et mes véhicules étaient stationnés dans les environs de Lausanne - mon géniteur trouvait lui que mon projet n’avançait pas assez vite et pris l’initiative de choisir une des alternatives que je considérais alors. Il est maintenant utile de préciser que le choix qu’il m’imposait ne fut pas le bon et que cela a eu de lourdes conséquences sur la suite de mon parcours.

C’est ainsi que le 8 octobre 2009, l’individu se munit d’une génératrice et d’une grosse meuleuse d’angle, et m’intima l’ordre de le suivre à ma remorque. J’ai essayé tant bien que mal, durant le trajet, de lui expliquer qu’il me restait à évaluer la dernière option, à savoir rallonger le véhicule tracteur : j’ai su peu après que mon sentiment était correct, et que cette opération était considérée comme routinière chez les professionnels de la branche. Ce fut peine perdue, car l’autre ne voulut rien savoir : il avait décidé que je n’allais pas assez vite dans mon projet et que s’était sa mission divine que de me “donner un pied au cul” en faisant avancer les choses.

Meulage de la commande de direction de l’essieu

Aujourd’hui encore, je me prends à regretter amèrement de ne pas m’être interposé physiquement pour l’empêcher de nuire. Aujourd’hui encore, je tente de faire rétablir la vérité : alors que le géniteur prétend qu’il a effectué la modification à ma demande, ceux qui me connaissent bien savent que jamais je n’aurais entrepris des travaux aussi lourds sur un terrain vague de Renens, sans eau courante ni électricité, le tout au milieu d’un des plus importants pôles industriels de Suisse. Par ailleurs, j’avais eu l’opportunité de restaurer entièrement un camping-car Bedford de 1979 et cela m’avait amené à une conclusion implacable : dans ma situation (je ne disposais pas de place de stationnement dans ou à proximité immédiate d’un atelier) il m’était indispensable que le véhicule passe une première expertise afin que je puisses disposer de plaques d’immatriculation ; j’aurais alors eu deux ans pour aménager le véhicule et procéder au changement d’affectation une fois les travaux effectués.

Le véhicule ainsi saboté par mon père, cette option n’était plus envisageable et je sombrais dans une abîme dans laquelle je suis toujours, plus de vingt ans après les faits. Durant les années qui ont suivi, le temps perdu à tenter de trouver sans succès une place de stationnement pour un véhicule sans plaques a probablement fini par excéder le temps passé au travail productif.

Rattrapage provisoire

Dans l’intervalle, j’avais pris contact avec le dernier carrossier poids lourd de la région, un type fantastique dénommé Mauro, qui avait son entreprise à quelques kilomètres de là. Mauro arrangea avec un forain pour faire rapatrier mon véhicule sur son terrain, qu’il me mit à disposition pour quelques temps. J’avais également accès à son outillage et des machines comme un puissant chariot élévateur.

Durant cette période qui fut une des plus belles de ma vie, j’ai pu avoir une bonne avance : sur le terrain vague et avec comme seule source d’énergie quelques panneaux solaires, il me fallait une journée entière pour percer un trou de 20mm dans le plancher. Ici, je pouvais souder l’acier, l’aluminium, j’avais de l’eau pour remplir mes citernes. J’avais accès à du personnel qualifié, avec qui j’entretenais de très bons rapports et qui me fournissait conseils et un coup de main occasionnel. Comme j’arrivais presque au bout de mes peines, c’est alors que mon père me fit une déclaration surprenante qui allait quelque chose comme “je vois que tu as un côté artistique que je n’ai pas, que tu es très capable, et j’aimerais te confier la rénovation de mon immeuble à la Chaux-de-Fonds”.

Faire confiance, ou pas

J’étais, il me semble, assez conscient de mes limites : c’est ainsi que j’ai posé trois conditions qui conditionneraient mon engagement :

Lui m’a suggéré d’encaisser les loyers sur mon propre compte, il disait se satisfaire de 1000.-/mois “en tout et pour tout” ; jusqu’en 2020, je n’ai encaissé aucun loyer : non seulement je n’avais aucun document qui justifie ce changement auprès des locataires, mais j’ai également appris plus tard que le contrat qu’il avait avec sa banque stipulait que tous les loyers devaient être versés sur le compte lié à l’hypothèque.

Comme mes conditions étaient raisonnables, un accord oral fut pris, un bail signé, et je déplaçais mon véhicule dans le haut du canton de Neuchâtel à la toute fin du mois de décembre 2013, non sans subir - lors d’une étape intermédiaire - un second cambriolage assorti d’actes de vandalisme et dans lequel je perdais de nombreux outils ainsi qu’une grosse quantité de données (dont l’essentiel des photos qui documentaient mon travail).

La réalité se révèle

Je commençais donc à rénover un appartement au premier étage : mon père avait congédié une vieille dame dont le loyer était très bas, m’avait établi un bail pour quelques 1'200.-/mois (3-4 fois le montant du précédent), loyer que je payais avec ma rente alors que je remettais à neuf ce logement de trois pièces. Payer un loyer - même élevé - pour un logement inhabitable me paraissait alors acceptable : de nombreux abus survenus au cours de mon enfance m’avaient préparés à accepter toutes sortes de situations, y compris les plus injustes, et en particulier lorsque cela venait de mon père.

Je passais quelques mois à démolir l’appartement pour le refaire ; une fois par semaine je me rendais dans l’arc lémanique pour faire mon compte-rendu, remplir le véhicule de matériaux, et transmettre les factures et autres documents au comptable que j’avais trouvé avec l’accord de mes parents. Comme le but était à terme de rénover l’ensemble de l’immeuble, je prenais en parallèle le temps d’étudier la situation immobilière de la ville, comparant loyers, état des logements et positionnement dans la ville. Je faisais également une planification complète des travaux, en plusieurs étapes, afin d’assurer la viabilité du projet : cette planification fut plus tard acceptée par mes parents - ce sont eux qui ont posé les dates des différentes étapes - et je dispose bien sûr d’un document qui le prouve.

Le problème administratif

J’ai commencé à vraiment avoir des problèmes quand mon père a refusé de donner une procuration au comptable : ce dernier fut donc dans l’impossibilité d’avoir accès aux fonds pour payer les factures courantes, et je prenais sur moi - le temps, j’espérais, d’obtenir de mon père qu’il respecte cette part du contrat - de payer des factures de matériel, d’assurances incendie et autres charges relatives à l’immeuble en plus du loyer dont je m’acquittais pour un logement à l’époque inhabitable. Je me voyais également obligé de perdre un temps conséquent à jongler entre factures et rappels et tenter de garder de l’ordre - sur un chantier! - dans une montagne de documents. Et comme je payais ces factures relatives au bâtiment, je n’avais plus les moyens de payer mon loyer.

Le problème juridique

Conformément à mes prévisions, certains locataires posaient problème : j’ai découvert plus tard que certains d’entre eux avaient semble-t-il des vues sur ce bien immobilier, et que la gérance de l’époque leur avait fait des faveurs très largement abusives apparemment dans la but de péjorer la valeur du bien immobilier. Alors que j’essayais tout naturellement de convaincre mon père de respecter sa part du contrat, j’ai donc essuyé quelques revers certes pas dramatiques mais non sans influence. Je me souviens d’une fois où, quelques trois ans après mon arrivée dans les lieux, j’arrivais enfin à obtenir un rendez-vous avec mon père et son avocat qui avait son étude au bas de la Rue Centrale à Lausanne : arrivé sur place exprès pour l’occasion, la seule chose qu’on me dit fut “vous n’avez pas été informé? Votre père a annulé le rendez-vous”. Quelques 200 kilomètres et une demi-journée plus tard j’étais de retour dans le haut du canton de Neuchâtel, dépité.

Le problème financier

En l’absence de connaissances suffisantes sur l’aspect financier du problème, il me fallu un temps considérable pour aboutir à un projet modulaire qui pouvait coûter du simple au triple selon les options choisies. Je parvenais enfin, après près de 4 ans, à obtenir de mon père qu’il organise un rendez-vous avec son banquier : arrivé à la place du Flon à Lausanne, je rencontrais enfin ce banquier qui, à presque chacune de mes questions, me répondait qu’en l’absence de procuration écrite il lui était interdit de me divulguer l’information. Une fois encore, je rentrais bredouille et avais perdu une journée de plus.

Un peu plus profond

Comme un problème ne vient jamais seul, vint un jour la révision de mes assurances sociales : les fonctionnaires se rendirent vite compte de l’absence de versements réguliers pour le loyer, mais ignoraient mes explications sur le fait que j’avais en contrepartie payé des factures relatives au bâtiment : je perdais immédiatement mon subside à l’assurance maladie, à la redevance TV et à tout le reste.

À la demande de mon père, je lui faisais parvenir une facture pour mes prestations et le matériel : il ne s’en est bien sûr jamais acquitté ; il serait toutefois intéressant de savoir s’il s’en est servi pour diminuer ses impôts.

Encore plus profond

La situation, déjà étrange, prit un tournant absurde lorsque je reçus un courrier m’annonçant de la coupure imminente de l’électricité : renseignement pris, il s’avéra que mon père avait fait changer l’adresse de facturation pour la mettre chez lui à Lausanne, et n’avait pas payé. Je rétablissais l’exactitude des informations, payais les arriérés et réglais cette part du problème.

À ce moment, j’avais déjà très envie de quitter les lieux ; en effet, je n’avais toujours pas été capable d’expertiser mon véhicule car il était difficile si ce n’est impossible de travailler dans ces conditions : certains locataires ne se sont en effet pas privés de commettre des actes de sabotage, qu’il s’agisse de malveillance directe sur l’objet ou d’actes divers comme voler ou déplacer des outils (Stéphane en a retrouvé certains cachés derrière un buisson de l’autre côté de la maison). J’avais envie de partir, mais cela était devenu très difficile : les quelques 20'000.- que j’avais en réserve à mon arrivée avaient été siphonnés dans l’immeuble, et la perte des subventions creusait le trou chaque jour un peu plus. Surtout, l’ambiance sur place était devenue toxique, tous les locataires avec qui je m’entendais bien ayant été évincés par les autres.

Interlude

Plus loin, plus bas

Je trouvais toutefois un refuge provisoire dans un squat du bas du canton, où je pu stationner ma remorque sur un terrain boueux mais plat et côtoyer une équipe de punks généralement sympathiques. Les travaux arrivaient presque à terme lorsqu’une fille du groupe commença à s’intéresser à moi : j’avais pris l’habitude, en contrepartie de pouvoir rester, de procéder à plusieurs améliorations techniques et j’avais la réputation de quelqu’un de capable et acharné. Cette fille était convoitée par un garçon du squat, je fus prié de partir.

Encore plus loin, à peine moins bas

En désespoir de cause, je me retrouvais dans le jura bernois : j’avais pu louer un emplacement sur le site d’un entrepôt qui avait brûlé mais que les autorités locales m’ont très rapidement demandé de quitter, prétextant l’absence de plaques d’immatriculation et un cours d’eau à proximité1. Désespéré, je prenais possession de l’Île-de-Peilz, fondais ainsi mon royaume et cherchais à trouver un ciel meilleur. Cet épisode est une aventure en soi, qui mériterait ses propres articles : toujours est-il que je fus sommé par la police de retourner “chez moi”, dans ce nid de frelons à la Chaux-de-Fonds, et que ce sombre épisode ne ce serait jamais produit si mon père n’avait pas d’abord saboté ma remorque puis semé la confusion entre les locataires de l’immeuble et moi-même.

Retour à 1000m

Mon véhicule à nouveau devant l’immeuble, les tensions avec les locataires furent ravivées et portées à un niveau encore jamais vu auparavant : forcé de rester, je tenais bon et finissais par être le dernier sur place mais me trouvais forcer d’évacuer tous les “déchets” qui étaient entreposés dehors (si l’on en croit le SENE, l’acier pollue) ; un ami de longue date, trouvant inadmissible qu’une œuvre d’art telle que ma remorque soit détruite (photo ci-dessous), pris sur lui de la faire stocker et paie aujourd’hui encore une location pour son stationnement dans l’attente que ma situation se stabilise. Dans l’intervalle, mon père me forçait tacitement à accepter une dette pour l’eau et l’électricité des communs, à hauteur de 4 ou 6'000.- environ, pour une période où il avait touché l’intégralité des loyers et - sans surprise - même pas versé un kopeck pour les travaux d’entretien.

Un de mes “déchets”

À force de détermination, je parvenais à obtenir de mon père qu’il me fournisse enfin une procuration pour la gestion de son immeuble. Il était alors mi-janvier 2020, et cela faisait plus de sept ans que j’attendais ce document. Mon activité sur place enfin légitimée (du moins c’est ce que je croyais), je commençais par préparer quelques quelques chambres et les mettais en location sur AirBnB.

Le poids du COVID

Environ 3 mois plus tard, alors que mon premier client venait d’arriver, arriva ce fameux vendredi 13 avril : les restrictions faisant leur office, je tournais à une fraction de la capacité et donc une fraction du revenu.

Papier toilette

En parallèle, comme j’avais - du moins je le croyais - un document valable qui me permettait enfin de mettre à jour ma situation administrative, je me remettais à payer mon loyer. Malheureusement, je constatais très vite que ce papier n’avait pas plus de valeur juridique qu’un carré de PQ : l’office des poursuites notamment n’a jamais considéré mes versements comme des loyers ; ils me saisissent encore aujourd’hui presque l’intégralité de mes revenus et, par voie de conséquence, je n’avais qu’environ 300.-/mois pour vivre et entretenir le bâtiment, somme à laquelle s’ajoutaient quelques revenus sporadiques grâce à la location des chambres. Comme mon loyer n’en était techniquement pas un, je ne recevais bien sûr aucune subvention pour l’assurance maladie et le reste. Et comme ce papier ne valait rien, que mon activité venait juste de démarrer, je ne touchais absolument aucune compensation pour les dommages causés par le confinement.

Fin 2020, ruiné par ces conditions, je cessais à nouveau de verser mon loyer.

Chute de chaudière

Sans le revenu suffisant, même en chauffant la maison le moins possible, arriva le jour où la cuve à mazout fut vide. On était au printemps 2021. Peu avant, une pompe de circulation des radiateurs avait rendu l’âme et me coûta plus de 600.- pour son remplacement. La chaudière, qui devait faire 80kW mais consommait jusqu’à 400kW de carburant, arrêta de chauffer et je constatais qu’elle fuyait à plusieurs endroits. Mon père l’avait modifiée afin d’optimiser son cycle de service2, sans voir que l’étanchéité était affectée ; le connaissant, je ne serais pas surpris qu’il l’ait vu mais ait décidé que le problème allait se régler tout seul : l’appareil avaient été remonté avec une négligence évidente, certains boulons n’étant même pas serrés. De l’échangeur secondaire, j’ai retiré mécaniquement 39kg de calcaire, et 10 litres d’acide formique à 85% n’ont pas suffi à dissoudre le reste ; quant à la cheminée, c’est environ 30kg de scories que j’ai retiré.

Fuites sur l’ancienne chaudière

J’eus toutefois la chance de me voir offrir une chaudière à pellets dont l’électronique était défectueuse ; je démontais donc l’ancienne chaudière, tombée en panne, pour installer provisoirement sa remplaçante afin que je puisse construire une nouvelle électronique de commande : je ne pouvais effectuer aucun test d’allumage et de combustion si la chaudière n’était pas refroidie au moins un minimum afin de ne pas la détruire immédiatement. Ainsi s’achevait le second hiver sans chauffage ni eau chaude, et j’avais perdu le droit de proposer mes locations sur AirBnB.

Tentative d’incendie

Façade détruite par les flammes

Au cours du printemps 2022, quelques semaines après le début de l’invasion russe en Ukraine, je rentrais d’un hackaton pour trouver une odeur de fumée et la porte de mon appartement défoncée et sur laquelle était accroché un mot de la police m’invitant à faire une déposition au sujet d’un début d’incendie dans l’immeuble : quelqu’un avait manifestement bouté le feu au tas de bois que je gardais pour les grillades, occasionnant quelques 150'000.- de dégâts au bâtiment. On voulait me faire porter le chapeau, mais une quarantaine de personnes pouvaient témoigner que j’étais occupé ailleurs. En nettoyant le lieu du sinistre, je retrouvais par ailleurs un étui à cigare qui n’avait rien à faire ici et a pu servir (c’est ce que je suppose) de temporisateur pour la mise à feu.

Convocation de la police sur porte défoncée

La police et les pompiers, bien qu’ayant été informés de mon absence par deux autres habitants, ont trouvé approprié de défoncer ma porte pour vérifier mon absence, laissant ensuite le logement grand ouvert. Le prétexte était de vérifier que je n’étais pas en danger, mais à ce moment l’incendie était déjà éteint et l’appartement n’avais même pas été touché par la fumée. Je profite de cette anecdote pour mentionner que plusieurs années auparavant, mon père avait déposé plainte contre moi pour avoir soi-disant menacé de mettre le feu à l’immeuble ; j’avais alors informé la police que c’était complètement absurde : non seulement le béton brûle assez mal et donc je n’aurais su comment arriver à cet exploit, je n’avais de plus aucun intérêt à incendier le lieu où j’avais toute ma vie.

Toujours dans l’optique de gérer l’immeuble du mieux que je pouvais, je déclarais le sinistre à l’ECAP ; quelques jours plus tard c’est une délégation de 11 personnes, incluant des représentants des services industriels et de la police, qui arrive pour tenter de trouver quelque raison pour me rendre indirectement responsable du sinistre à cause d’une hypothétique négligence (et - c’est authentique - vérifier que je ne dissimulais pas quelque réfugié ukrainien). Ils ne trouvèrent rien de concret à me reprocher, mais profitèrent du prétexte pour affirmer que la chaudière que j’étais en train de réparer n’était probablement pas aux normes et que c’était une excellente raison pour couper l’eau dans l’immeuble.

Près d’un an après les faits, le géniteur n’a pris aucune mesure pour remédier aux dégâts, se contenant d’encaisser la somme versée par l’assurance et l’utiliser à d’autres fins (puis de subitement exiger 66'000.- de ma part sans doute parce qu’il commençait à être à sec).

Survie off-grid

Tout naturellement, il s’ensuivit que les services industriels de la ville voulurent interrompre les fournitures d’eau et d’électricité dans l’ensemble de l’immeuble : sans les fonds nécessaires, je ne pouvais embaucher des professionnels afin qu’ils remédient aux quelques problèmes restants et mettent un joli tampon en ordre sur un document officiel. Je les laissais faire : en effet et dans l’optique de récupérer l’eau du toit pour le jardin, j’avais acheté quelques citernes qui n’attendaient qu’à être installées, et j’avais entre-temps récupéré de ma remorque un puissant onduleur acheté des années plus tôt ainsi que quelques panneaux photovoltaïques.

L’agression continue

Quelques jours à peine après que ma sœur m’informe que “Toni a dit qu’il te laisserait vivre là tant qu’il peut payer”, j’ouvre un courrier d’un avocat de la Chaux-de-Fonds : il m’informe que je dois verser la modeste somme de 66'000.- dans les 30 jours, sans quoi je dois évacuer les lieux. L’avocat mentionne quelques “très rares versements” en 2013 et annonce un chiffre “raisonnable” pour un loyer indépendant de mon occupation effective d’un immeuble dans lequel - il semble l’ignorer - les températures intérieures en hiver frisent le gel et est donc considéré comme insalubre. Alors que j’entreprends de répondre à l’homme de loi, je me rends compte qu’il a besoin d’un peu de contexte pour comprendre comment j’en suis arrivé là. L’informer également que son mandant n’est pas quelqu’un de respectable, quelqu’un qui n’a pas hésité à me diffamer auprès des autorités et de quelques anciens locataires, me qualifiant notamment de “drogué schizophrène” ; j’en ai trouvé les preuves des années après les faits, au milieu d’une pile de documents : cela expliquait aussi pourquoi la situation était si tendue dès le départ, les locataires étant informés que je n’étais qu’un vulgaire locataire qui usurpait ses droits, tandis que l’information que je recevais était que j’avais le responsabilité technique de l’immeuble et qu’on me refusait les moyens d’effectuer l’administration qui était attendue de moi.

Infanticide

Le récit ci-dessus n’est qu’un partie de tout ce que mon père m’a fait subir : il n’y a ici que (et une partie seulement de) ce qui est strictement en lien avec l’immeuble dans lequel j’habite actuellement. Il m’a fallu quelques 40 années pour me rendre compte que la parole de mon père n’avait aucune valeur, qu’il était bien plus efficace de converser avec un caillou ou un bovin : si cela peut paraître long, il faut comprendre que plongé dans un tel tissu de mensonges depuis ma plus tendre enfance, n’imaginant pas que mon géniteur (probablement par jalousie selon ma mère) a plus ou moins explicitement essayé de me tuer à plusieurs reprises, cette situation était pour moi la seule normalité que je connaissais ; s’il n’y est pas strictement parvenu, il est certain qu’il a joué un rôle majeur et actif dans ma situation actuelle, à savoir dépression chronique, interactions sociales très limitées, vie affective et sexuelle au point mort. Me faire porter la faute pour n’avoir su voir les conséquences des actions et mensonges de mon père reviendrait à reprocher à une grenouille de se laisser mourir dans une casserole portée à ébullition, à reprocher à un bout de bois de ne pas être une pépite d’or ou l’inverse : c’est complètement absurde, revient à nier le fait qu’un enfant a besoin d’un environnement propice pour se développer.

Je ne sais pas ce que mon père a traversé pour être ainsi dénué d’empathie, pour s’être muré dans une réalité mensongère : peu m’importe. Ce qui compte pour moi c’est que cela ne se reproduise plus, que je puisse tant bien que mal reconstruire ma vie sur le tas de ruines qu’elle est actuellement. Je ne me laisserai plus intimider et traiter de la sorte par un individu qui m’a fait tant de mal, encore et encore, tant qu’il le pouvait et laissant d’autres monstres abuser de moi par la même occasion.


  1. il s’agissait vraiment d’un prétexte : en effet, de nombreux camping cars pourrissaient quelques mètres plus loin, et j’ai plus tard (dans le canton Obwald) découvert un véhicule de police également en train de pourrir à proximité immédiate d’un autre cours d’eau : décidément, tout le monde n’est pas égal face à la loi. ↩︎

  2. en anglais, le duty cycle ↩︎